10 octobre - Les rencontres de la Sécurité intérieure, pour féliciter les acteurs de la sécurité et susciter des vocations

Mis à jour le 10/10/2018

Ce matin, j’ai inauguré aux côtés du Maire de Papeete, M. Michel BUILLARD, la 6ème édition des « Rencontres de la sécurité » dans les jardins de l’hôtel de ville de Papeete. Cette manifestation annuelle a comme premier objectif de faire connaître les métiers de la sécurité mais aussi les hommes et les femmes qui nous protègent.

 

A cette occasion, inutile de rappeler que la lutte contre la délinquance constitue le quotidien des forces de l’ordre.

 

Depuis cinq ans, la délinquance en Polynésie française ne se manifeste pas par une « explosion » à la hausse des statistiques, lesquelles, quoique l’on puisse dire, traduisent avec objectivité les constats effectués et les plaintes déposées. Pour autant, on constate un continuum de comportements déviants, d’incivilités, d’actes de malveillance et une augmentation des addictions.

 

Les atteintes aux biens sont en baisse depuis 2015.  En 2017, 5 989 faits ont été constatés, soit une baisse de 374 faits par rapport à 2016. Inférieure à la moyenne nationale, cette délinquance acquisitive est principalement constituée de vols sans violence et de faits de dégradation et de destruction. On déplore malheureusement un changement de comportement dans les modes opératoires qui, peu à peu, se rapprochent de ceux que l’on observe ailleurs : moins de retenue et moins de scrupule dans le passage à l’acte.

 

Par l’argent qu’ils fournissent, les vols alimentent souvent l’économie parallèle des trafics en tout genre et des stupéfiants en particulier.

 

Concernant les stupéfiants, l’usage et la revente de cannabis demeurent la principale cause des faits de délinquance, mais, fait nouveau, la consommation et le trafic organisé d’ICE se développent en Polynésie, malgré l’engagement et la forte activité des policiers, des gendarmes et des douaniers.

 

Les violences constatées en Polynésie française (atteintes à l’intégrité physique) augmentent ces dernières années, particulièrement les violences intrafamiliales dont les taux restent supérieurs aux moyennes nationales. En effet, 65% des violences aux personnes ont lieu dans la sphère intrafamiliale.

  

Si là encore, les chiffres ne traduisent pas une forte augmentation, il ne faut pas contester cette mauvaise orientation, y compris dans l’état d’esprit de notre jeunesse qui manifeste moins de « self control ».

 

La délinquance des mineurs justifie notre attention soutenue même si le nombre de mineurs mis en cause est resté stable sur les cinq dernières années. Les mineurs représentent environ un tiers des personnes mises en cause pour atteinte aux biens. Si les faits commis par les mineurs sont souvent des vols simples, liés à l’automobile et aux deux-roues, il n’en demeure pas moins qu’ils sont à l’origine de 18% de violences en général et de plus de 19,5%  de crimes et délits sexuels.

 

On constate que la délinquance des mineurs évolue. Ainsi, même si la nature et la gravité ne sont pas comparables avec ce que l’on déplore dans d’autres territoires de la République, l’apparition de phénomènes de bandes, avec la revendication franche d’appartenir à des groupes, s’est amplifiée jusque dans les réseaux sociaux qui participent à cette vulgarisation en diffusant des images à caractère violent qui banalisent la violence.

 

Face à cette situation, je salue le travail quotidien et l’engagement sans faille des forces de sécurité, lesquelles travaillent en lien étroit avec les polices municipales qui méritent également notre reconnaissance et nos félicitations  pour le travail accompli aux côtés de leur Tavana. Je suis heureux aujourd’hui qu’ils soient mis à l’honneur et suscitent aussi des vocations.

 

Grâce à leur mobilisation, les taux d’élucidation progressent positivement. Le taux d’élucidation pour les atteintes aux biens est largement au-dessus des moyennes nationales. De nombreux cambriolages sont résolus, notamment grâce à la systématisation du recours à la Police Technique et Scientifique (PTS).

 

Un travail de concertation avec les maires, singulièrement dans les communes démographiquement denses, a abouti à un engagement plus affirmé des politiques de prévention de la délinquance. Ainsi, à mon initiative, un Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) a été créé et installé à Papeete en décembre 2017.  J’ai également signé une convention de coordination entre la police municipale et la direction de la sécurité publique à Pirae où un CLSPD a aussi été installé, de même que la commune de Teva i Uta qui vient de créer le sien.

 

Ce n’est qu’au travers d’un travail collectif et une véritable mutualisation des forces et des moyens que nous arriverons à faire reculer la délinquance et à influencer les comportements et les mentalités.

 

Cette nécessaire synergie entre les acteurs de la sécurité et de la prévention, qui améliore l’efficience et la cohérence des mesures prises dans les différentes instances de pilotage, ne suffira pas, il faut aussi, et en complément, que les parents n’abandonnent pas leur autorité et leurs devoirs parentaux.

 

Voulant assurer une transparence totale j’ai, dès mon arrivée en Polynésie, mis en place des tableaux de suivi de la délinquance sur les cinq dernières années pour adapter la réponse des forces de l’ordre et encourager la mise en place de partenariats avec les différentes institutions.

 

Je co-présiderai, avec le président du Pays et le Procureur Général, un conseil territorial de prévention de la délinquance le 19 octobre prochain à la Présidence de la Polynésie française. Cette instance définira un plan d’actions pour la période 2018-2020.

  

D’ores et déjà, une campagne d’information et de prévention va être rapidement lancée pour sensibiliser la population aux phénomènes de délinquance, en particulier la consommation et le trafic d’ICE, l’insécurité routière et les cambriolages. Un encouragement à la notion de « voisins vigilants » doit aussi se développer.

 

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