29 mars - Hommage au Colonel Arnaud BELTRAME et aux victimes des attaques de Carcassonne et de Trèbes

Mis à jour le 29/03/2018

M. René BIDAL, Haut-Commissaire de la République, et le Colonel Frédéric BOUDIER, Commandant la gendarmerie pour la Polynésie française, ont présidé, ce matin, l’hommage qui a été rendu au Colonel Arnaud BELTRAME, mort en service dans un acte héroïque.

Veuillez trouver, ci-dessous, le discours du Haut-Commissaire de la République ainsi qu'une sélection de photos.
 
 (Retrouvez également cette information sur la page Facebook du Haut-commissariat)
 

                                          

      

Hommage au Colonel Arnaud Beltrame

 (Seul le prononcé fait foi)

Mercredi matin, dans la cour des Invalides, le Président de la République, a rendu un hommage national au Lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qu’il a élevé au grade de colonel et fait commandeur de la Légion d’honneur. 

A 16 000 km de l’hôtel des Invalides, nous accompagnons ce matin cet hommage par ce moment de recueillement qui exprime, devant les gendarmes qui servent en Polynésie française, notre peine, notre respect et notre reconnaissance.

Ce recueillement témoigne aussi de la solidarité de nos concitoyens Polynésiens qui furent nombreux, samedi dernier, à manifester spontanément leur compassion, parfois même en se présentant directement à la porte des brigades.

Je veux au nom de l’État et devant vous, Monsieur le Président de la Polynésie française, leur dire merci ; ces gestes sont fidèles aux valeurs qui sont les leurs et qui les honorent : des valeurs de paix, de courage, de compassion, de solidarité et d’espérance. Dans une existence d’homme ou de femme, ces valeurs sont des forces dont la vigueur a été sublimée, à chaque instant de ses 44 ans de vie, par le colonel Arnaud Beltrame.

Je me plais à redire ce matin ce que j’ai déjà écrit : de nombreux héros ont glorifié notre grande et séculaire Histoire commune mais, assez peu souvent, les circonstances ont permis à toute la Nation d’être le témoin direct de la grandeur d’un homme qui, animé d’une volonté intime et résolue, décide de dominer l’effroi en choisissant de proposer sa mort en échange de celle d’un autre.

Parce qu’il était habité de la conviction que servir les armes c’est prouver le dépassement de soi et assumer, quand on est le chef, le péril qui se présente, Arnaud Beltrame est ainsi allé au bout de son devoir, au bout d’une résolution fulgurante et rare : mourir pour sauver. Peu de personnes en sont capables, car au moment du choix, sans arme, et au contact d’un terroriste qui vient de donner la mort, la probabilité d’une issue fatale ne pouvait pas échapper à son intelligence et à son intuition.

Que dire de plus du colonel Arnaud Beltrame sinon qu’il est un héros admirable et qu’il a incarné par ce sacrifice réfléchi, assumé jusqu’à la mort, le plus haut degré d’exigence que portent les fondements de notre République et que symbolise, par l’exemple, notre Gendarmerie nationale. Le Président de la République a eu ces mots : « en sauvant cette jeune femme, le colonel Arnaud Beltrame a conjuré l’esprit de renoncement et d’indifférence qui parfois menace. Il a montré que le socle vivant de la République, c’est la force d’âme ».

Sachant combien les Polynésiens s’y associent par leurs pensées et dans leurs prières, je veux au nom de chacun de vous ici et pour tous ceux qui ne purent se joindre à nous, adresser nos condoléances aux deux merveilleuses familles du colonel Arnaud Beltrame : la première c’est la famille de son cœur et de son sang qui a fait montre d’une grande et noble dignité mais dont on imagine la cruelle douleur que provoque ce deuil subit et ravageur ; la seconde c’est la famille de la Gendarmerie Nationale à laquelle cet officier supérieur était indéfectiblement lié et dont on partage l’indicible peine mais aussi, sachez-le, la fierté de compter dans ses rangs des hommes et des femmes capables de gager leur propre vie pour sauver celle de ceux qu’ils ont pour mission de protéger.

Mes pensées vont aussi aux trois autres victimes de cet attentat de Carcassonne et de Trèbes, aux blessés et à leurs familles qui souffrent et pleurent du terrible destin qui a frappé leurs êtres aimés aux vies interrompues où à jamais marquées physiquement mais aussi moralement par tant de lâcheté, par tant d’abjection.

Ce terrorisme, nous partageons tous ici la conscience absolue et intransigeante de devoir le combattre sans relâche, sans faiblesse et sans oubli, dans l’esprit de Résistance que nous a rappelé le chef de l’État. En mémoire de toutes les victimes qu’il a pu déjà faire et du colonel Arnaud Beltrame, qui vient d’entrer au Panthéon de nos cœurs, nous allons observer une minute de silence.          

RB